Exposition d'Elise Bergamini du 7 juin au 9 octobre 2018

Du 07 juin 2018 au 09 octobre 2018

Exposition d'Elise Bergamini

"du Miel Coule de tes Lèvres"

Du 7 juin au 9 septembre 2018

Vernissage le 7 juin 2018 de 19h à 21h

Elise Bergamini

Née en 1980 – Toulon (France).
Vit et travaille à Paris.
Élise Bergamini est représentée par Sunart Gallery.

Au coeur la démarche artistique d’Élise Bergamini, il y a le temps qui passe et son action sur
le corps. Toujours à l’affût de ce que raconte cette temporalité, elle chronique, révèle,
imagine, par le dessin et la broderie, ses médiums de prédilection.
Elle représente le corps, celui d’une femme, rarement dans sa globalité, mais morcelé pour
que la partie souhaitée soit mieux mise en valeur et les effets du temps mis en exergue dans
ses manifestations naturelles (la pousse des cheveux, des poils, des ongles…). Le temps
s’arrête, le temps s’accroît. Une sorte de jeu se met en place. Et l’anodin déborde vers le
surréalisme.

Aujourd’hui, le regard d’Elise Bergamini sur les traces infimes du vivant et du temps s’élargit.
Son travail s’ouvre de plus en plus au monde dans lequel le corps évolue, des insectes, des
végétaux apparaissent. Ils sont des indices de la temporalité et de la transformation :
éclosion, maturité, dégénérescence. La littérature et le cinéma, avec ses descriptions et
représentations d’un corps singularisé, sublimé ou altéré, contribuent à enrichir son inspiration.
Diplômée de l’ESADTPM (École Supérieure d’Art et Design Toulon Provence Méditerranée),
en 2004, Elise Bergamini vit et travaille à Paris depuis une dizaine d’années. Elle a participé
à plusieurs expositions collectives, à Paris, en province et en Italie. Son travail a également
été mis en valeur dans des publications collectives et personnelles, des catalogues, revues
et livres d’artiste.

Élise Bergamini est représentée par Sunart Gallery à Paris. Plusieurs livres d’artiste ont été
publiés aux Éditions Derrière la Salle de Bains ainsi que chez Littérature Mineure, avec des
textes de l'éditrice Marie-Laure Dagoit.
Élise Bergamini

Élise Bergamini : Nuque Céleste, 2016
dessin et techniques mixtes, 100 x 70 cm

Les femmes fatales d'Elise Bergamini

Chez Elise Bergamini les femmes ont des cheveux mais pas forcément de tête. Elles ne
manquent par pour autant d’esprit. Leur créatrice non plus. Elle s’amuse à ne jamais offrir
le corps en totalité. Par cette acrobatie, elle suggère moins sa disparition que son manque.
Le morcellement permet de faire des mises au point sur la zone souhaitée et érogène et
de mettre en valeur ce qui s’y passe.
Dessin, broderie, empreintes de cire rassemblent des traces qui sont les signes de sensations
et d’émotions. Cette archéologie d’un savoir empirique permet d’inscrire le corps dans le
temps tout en laissant une part à l’anomalie, à la fragilité et à la maladresse. Plus besoin de
couples, d’attelages, la femme seule est émissaire.
Son corps isolé dans l’espace tient à distance les monstres, la terre et le ciel. Le corps est
un atelier. Ce que le geste d’un corps dessiné suggère permet de réenchanter le monde
en pièces détachées. Juste l’essentiel est pris au piège et isolé en ce qui tient d’un espace
aussi érotique que mental. Il ne faut chercher à savoir où cela mène, il suffit de glisser dans
le temps. La créatrice en décline la joie sans cause et la détresse sans raisons.

Jean-Paul Gavard-Perret

Élise Bergamini : Rita, 2016
dessin et techniques mixtes, 100 x 70 cm

Pince moi, je rêve
– T’es sûr que t’est pas une fiction?
- Mais non, attends, ferme les yeux et regarde : le sable crisse contre mes dents. Je
l’entends. C’est pas très douloureux mais ça existe vraiment, et moi avec.
Tu vois, enfin, non : justement : tu ne le vois pas puisque c’est de ton propre corps dont il
s’agit. C’est là-dedans que t’es. Tu ne peux jamais voir dans ton corps, seulement
l’enveloppe, c’est-à-dire la surface. Et la surface c’est insatisfaisant. C’est pour ça que la
télé et les affiches abrutissent : c’est que des surfaces.
Pas plus que tu ne peux voir dans ton corps tu ne peux voir dans ta bouche : ce qui s’y
passe avant que ça ne sorte. Les doigts sentent, mais ne voient pas alors la langue, tu parles!
Et puis c’est trop compliqué : techniquement on a du mal à séparer les muscles des nerfs,
tout baigne, et il est difficile de dire avec précision où l’on est situé dans son propre corps.
Des fois c’est culturel, pathologique, c’est sujet à changements.
Est-ce que je suis tantôt mon foie? Tantôt mon pouce? Sous l’ongle de mon pouce? Et mes
dents de lait et ces menstruations elles sont quoi de moi? Qu’est-ce qui sépare vraiment
une oreille d’un coude? Le coeur?
Reste le dessin, et le regard qui serait le fil entre un corps et un autre. La main aimable, le
cerveau dans les yeux, à produire d’autres opaques qui eux aussi, auraient à dire de soi.
La mésange elle s’en fiche. Elle titine, zinzibule et zinzinule sans l’avoir jamais su et prend le
fil de ma main pour la branche qui lui convient.

Sylvain Sorgato

 

Élise Bergamini : Oh! Mésange!, 2016
satin brodé broderie sur châssis circulaire, 30 cm

Commissariat de l'exposition : Marie-Eugénie Barbey

 

Hôtel Elysées Mermoz

30, rue Jean Mermoz 

75008 Paris

Tél.: 01.42.25.75.30